Peintre de Bretagne

En épousant Marguerite Villard en 1938, Yves Floc'h rentrait dans une grande famille d'artistes, ce qui allait beaucoup lui apporter. Grâce à Abel Villard, l'oncle et le parrain de son épouse, Yves Floc'h fera la connaissance de son maître Désiré-Lucas. Par l'implantation de cette famille dans le Sud-Finistère, il va découvrir une grande terre de peintres : Quimper et Douarnenez.

Voici donc aujourd'hui la présentation de quelques-uns des Villard.

La saga des Villard

La famille Villard arrive en Bretagne vers la fin du XVIIIe siècle. Jean-Marie, lyonnais d'origine, arrive à Douarnenez comme douanier. Il se marie avec une jeune-fille du pays. A la fin de son contrat, il désire retourner à Lyon, mais grâce aux larmes de son épouse, la famille s'installe définitivement dans le finistère. Ils eurent six enfants dont Jean-Marie-Lubin.

Jean-Marie-Lubin Villard (1805-1848)

C'est le premier Villard en qui nous trouvons une certaine fibre artistique. Ebéniste et entrepreneur à Ploaré (sur les hauteurs de Douarnenez), il a construit, par exemple, la très belle "cale ronde" dans le vieux port et le petit pont sur la rivière du Ris. Il est aussi l'ami du Docteur Laënnec et a eu le privilège de tourner le premier stéthoscope de l'inventeur de l'auscultation. Parmi ses enfants, deux sont passés à la postérité : Jean-Marie, le peintre, et Joseph, le photographe.

                     

Jean-Marie Villard (1828-1899)

Né à Ploaré, Jean-Marie est d'abord instituteur. Passionné par la photographie, il quitte la Bretagne pour se rendre à Paris en 1854-1855. Il y fera la connaissance de Nadar et Daguerre et sera ainsi à l'origine de la vocation de son frère en lui faisant rencontrer ses amis. En 1864, il commence une carrière de peintre et expose des paysages inspirés de la région de Douarnenez. En 1871, il s'installe à nouveau en Bretagne et enseigne le dessin à Quimper à partir de 1877. Chaque été, il séjourne à Ploaré. Il eut cinq enfants dont René, poète et professeur d'anglais, beau-père d'Yves Floc'h, et Abel, peintre lui-aussi.

En 1992, à Douarnenez, était organisée une belle exposition d'oeuvres de Jean-Marie Villard. Visualisez l'affiche de 1992. Voir la galerie.

Abel Villard (1871-1969)

Comme son père, Abel enseigne le dessin. Ami et élève de Désiré-Lucas, il travaille, comme lui, "sur le motif" et le transporte avec sa voiture dans les environs de Douarnenez. C'est ainsi que nous trouvons dans leur production respective beaucoup de tableaux représentant le même point de vue.

A Quimper, il fonde les cours artistiques municipaux gratuits et crée l'Union Artistique, puis en 1946, l'école des Beaux-arts. En 1967, il reçoit la Légion d'honneur en récompense de ses actions culturelles. Son fils Robert (dit Robert-Paulo) se lance lui aussi dans la peinture.

Eclectique et entreprenant, il est le créateur, à Quimper toujours, de la confiturerie Villard, connue dans toute la France ! Voir la galerie.

Robert-Paulo Villard

C'est lui qui fut le maître d'oeuvre de la décoration de la célèbre Salle des Fêtes de Douarnenez. On peut d'ailleurs y admirer, parmi les 16 grandes toiles exposées, six tableaux bucoliques d'Abel et Robert-Paulo Villard, inspirés par les Plomarc'h et les courbes ploaristes aux douceurs évocatrices. Voir la galerie.

René Villard (1875-1940)

Il mena une très honorable carrière de professeur à Saint-Brieuc.

Il a écrit de nombreux articles. Il était notamment correspondant de l'Ouest-Eclair et de la Dépêche de Brest et rédacteur à l'Illustration pour les questions bretonnes .

En 1939, René Villard publie un recueil de poème, "De l'aube au crépuscule", préfacé par Max Jacob, rassemblant des textes écrits sur le Front. En effet, pendant la guerre 14 -18, sur le Front de Somme, René Villard était interprête dans un régiment anglais. "René Villard reste marqué par cette grande boucherie où tant d'hommes, particulièrement des Bretons, furent sacrifiés. Max Jacob dans la préface de cet ouvrage affirme : Aucun soldat de 1914 n'a rien écrit de plus âpre, de plus simple, de plus synthétique, de moins littéraire". Extrait d'un article de Maurice-René Dirou, sur René Villard, paru en 1991 à Douarnenez, dans la revue Mémoire de la Ville. Article très complet que nous espérons pouvoir publier en son entier.

Mais si René Villard mérite de passer à la postérité, c'est aussi beaucoup pour sa fidélité sans faille à Max Jacob, camarade de classe. Une correspondance suivie, qui a été publiée depuis, témoigne de ce lien très fort jusqu'à sa mort survenue en 1940.

En 1911, il épouse Jeanne Audic, professeur comme lui, et ils auront trois enfants : Marguerite, Charles et Colette.

Marguerite Villard (1912-2018)

Avec son frère Abel, René fait construire Ker Aël, une jolie villa, au dessus de la plage du Ris, à Douarnenez. Tous les étés, Marguerite retrouve son oncle et ses cousins. Elle est baignée dans ce milieu d'artistes et choisit elle-aussi de suivre cette voie. C'est ainsi qu'elle rentrera aux Beaux-arts de Rennes. Dans ce cadre, elle rencontrera Yves Floc'h pour la première fois, puis ils feront d'avantage connaissance au Bleun Brug (Rassemblement celtique religieux et culturel) de Pleyben en 1935. Le 23 juillet 1938, Monsieur l'abbé Perrot célèbre leur mariage près de Saint-Brieuc.

Joseph Villard (1838-1898)

Grâce à l'expérience de son frère Jean-Marie, Joseph créa son fameux atelier de photographie Villard dont la collection de cartes postales fera le tour du monde. Il parcourt la Bretagne à pied puis à vélo, à la recherche de sujets pittoresques ou de monuments, et va constituer au fil des années une collection exceptionnelle de plus de 100 000 plaques qui, par bonheur, a pu être préservée jusqu'à aujourd'hui(*). La plus grande partie se trouve conservée au Musée de Bretagne à Rennes. Son fils Joseph-Marie (1868-1935) reprendra sa succession dans la photographie, ainsi que son petit-fils Joseph-Henri-Marie (1898-1981).

À propos

Découvrez ici l'œuvre d'Yves Floc'h, ce fils aîné de cultivateurs de Plouguerneau qui n'a parlé que le breton jusqu'à six ans. Grâce à sa rencontre avec l'abbé Perrot qui, ayant remarqué ses dons, lui offre ses premières leçons de dessin avec Monsieur Jullien, sa vie va changer. Elle l'emmènera jusqu'aux Beaux-Arts à Rennes, aux Arts Décoratifs à Paris puis à Saint-Dié, Lorient et enfin Dinan où il fera toute sa carrière de Professeur de dessin. Dès qu'il le pouvait, il continuait à croquer et peindre par passion. A l'automne ou au printemps, sa palette empruntait à la mer et au ciel bretons, leurs couleurs changeantes. Elle se faisait tour à tour vaporeuse dans les brumes des sous-bois, ou exubérante de pourpres flamboyants dans ses couchers de soleil...